Isabel de Portugal
Les « Isabel de Portugal »
Isabel de Portugal (1270 – 1336), fille de Pierre III, roi d’Aragon et de Constance de Hohenstaufen ou Constance de Souabe ou Constance II de Sicile, femme de Denis 1er roi du Portugal est la première des dix « Isabelle de Portugal » (cf note) qui vécurent de la fin du 13 ème siècle au début du 19 ème siècle ; toutes ne furent pas reines mais certaines sont bien connues, telles
Isabel, de la maison d’Aviz, épouse du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, femme de pouvoir, raffinée et intelligente, sœur d’Henri le Navigateur, mère de Charles le Téméraire,
ou la belle et cultivée Isabel, de la dynastie d’Aviz, femme aimée de Charles Quint qui fut donc impératrice consort du Saint Empire romain germanique…
La reine Isabel, femme de Denis 1er, la « Rainha santa »
Isabel porte le prénom de sa grand-tante sainte Elisabeth de Hongrie dont la sœur Yolande de Hongrie avait épousé Jacques Ier, roi d’Aragon.
Sa vie est marquée par la piété, « modèle d’humilité, mère attentive et bonne reine » soucieuse de soulager la misère de ses sujets disent ses hagiographes.
Le beau portrait de Zurbaran (musée du Prado) peint des siècles plus tard autour de 1635 la représente, portant une jupe rose, dans un tenue de « dame » du 17ème siècle, les roses à la main, allusion au miracle des roses qui fait partie des nombreux hauts faits racontés dans son hagiographie.
A Estremoz, à côté de l’élégant donjon du Castelo, la chapelle de la Reine Sainte fut érigée en 1659 par Luisa de Gusmâo, veuve de Joâo IV, sur l’emplacement alors présumé de la chambre où serait morte Isabel.
Les murs de cette chapelle sont recouverts de beaux azulejos illustrant les épisodes vertueux de la vie de la Reine car elle donnait aux pauvres, soignait les lépreux, apaisait les brouilles. Elle réconcilia son père puis son mari avec Ferdinand roi de Castille ; elle réconcilia Denis avec son frère Alfonse de Portugal, seigneur de Portalègre, avec son propre fils le prince Alfonse.
azulejo dans la chapelle de la reine Isabel
La plus célèbre de ses actions édifiantes est celle du miracle des roses.
Le miracle des roses
Les conseillers du roi se plaignaient des dépenses que la reine faisait, donnant sans compter aux nécessiteux. Denis Ier décida d’intervenir et, la rencontrant un jour, lui demanda ce qu’elle cachait dans son tablier. Isabel lui répondit qu’il s’agissait de roses pour la chapelle alors que c’était du pain. Comme on était au mois de janvier, et que cette floraison paraissait improbable, il somma son épouse de lui montrer ce qu’elle transportait. Celle-ci ouvrit son tablier et ce furent des roses qui apparurent. Devant ce miracle le roi n’intervint plus dans les œuvres pieuses de son épouse.
- Ce miracle des roses rapporté tardivement par les hagiographes est similaire à celui attribué à sa grand - tante Sainte Elisabeth de Hongrie (et notons- le également à bien d’autres saintes, Roseline de Villeneuve, Germaine de Pibrac…)
Fresque dans la chapelle de la reine Isabel
A sa mort, son corps fut porté à Coimbra, au monastère des Clarisses où elle avait choisi sa sépulture. On dit qu’il exhalait un parfum très agréable jusqu’à sa mise en terre.
Plus de deux cents ans plus tard, en 1612 , l’évêque de Coimbra fit construire une riche chapelle , o monasterio de Santa Clara - a - nova pour y mettre cette précieuse relique. Son corps, celui d’une femme, belle et grande aux longs cheveux blonds, fut, dit-on, retrouvé intact…
Le 25 mai 1625, elle fut canonisée par Urbain VIII et sa fête portée au 4 juillet
Giulia Rossi Vairo, chercheur à l’Université Nouvelle de Lisbonne, dans ses travaux publiés en 2011, fondés sur des sources documentaires portugaises et les registres du Vatican évoque une autre face de la personnalité d’Isabel :
Une constructrice de paix ? Peut - être mais aussi une femme politique, en opposition avec son mari qui alla jusqu’à la faire enfermer au château d’Alenquer. Il abandonna même son projet de panthéon royal et, par testament, ne prévit plus la présence de la reine à son côté au monastère cistercien de Odivelas qu’il fonda à l’entrée de Lisbonne.
Isabel semble, en fait, une mère très engagée auprès de son fils dans le conflit qui l’opposa à son père entre 1319 et 1324 et menaçait la stabilité du pays. Les lettres adressées par le Pape Jean XXII – premier des papes d’Avignon, invitant les parties à retrouver la concorde, en témoignent.
Quant à son statut de sainte, qui éclipsa peut-être par la suite les qualités de roi de son mari, cette affirmation repose au XVIIème siècle sur une perception d’Isabel, princesse aragonaise, « symbole de l’interaction et de la pacification des royaumes ibériques ».
Note
Isabelle de Portugal (1270- 1336), fille de Pierre III, roi d’Aragon ; § 1282 avec Denis Ier, roi du Portugal
Isabelle de Portugal (1364 – 1395), fille illégitime du roi Ferdinand Ier de Portugal ; § 1373 avec Alfonso Enriquez de Castilla, comte de Giron et de Noroña
Isabelle de Portugal ( 1397 - -1471), § 1430 avec Philippe III, duc de Bourgogne, dit Philippe le Bon
Isabelle de Portugal ( 1428 – 1496) § 1447 avec Jean II, roi de Castille et de Léon, mère d’Isabelle la Catholique
Isabelle de Portugal (1432 – 1455) § 1448 avec Alfonse V, roi de Portugal
Isabelle de Portugal (1459 – 1521) § 1472 avec Ferdinand II, duc de Bragance
Isabelle de Portugal (1503 – 1539) § 1526 avec Charles Quint, roi de Castille et de Léon, roi d’Aragon, empereur romain germanique etc…
Isabelle de Portugal (1669 – 1690) fille du roi Pierre II de Portugal sans alliance ni postérité
Isabelle de Portugal (1801 – 1876) fille du roi Jean VI de Portugal, sans alliance ni postérité, régente du Portugal (1826 – 1828)
Marie-Isabelle de Portugal ( 1797 – 1818), fille de Jean VI de Portugal, elle meurt deux ans après avoir épousé son oncle maternel (Ferdinand VII d’Espagne)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 16 autres membres