Le Charsalle

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L'ordre de Malte au Portugal

L’ordre de Malte au Portugal

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L’histoire de l’Ordre de Malte est suffisamment connue pour que nous ne rappelions que quelques éléments se rapportant à sa création et à son développement avant de nous y intéresser dans le contexte spécifique du Portugal.

En 1048, un groupe de commerçants italiens fut autorisé à fonder un hôpital (ou hospice) à Jérusalem afin d’apporter assistance aux fidèles qui visitaient la Terre sainte.

Après la prise de Jérusalem par les Croisés en 1099, la renommée de cette communauté ainsi que les dons qu’elle recevait lui assurèrent une autonomie croissante et lui permirent de former une congrégation à part, placée sous le vocable de Saint Jean-Baptiste.

En 1120, Raymond De Puy, le premier à s’intituler maître de l’Ordre, donna une nouvelle impulsion à la communauté. En plus de ses devoirs d’assistance aux pèlerins, la confrérie ajouta un service armé d’abord pour protéger les fidèles des attaques des Musulmans et des bandits qui infestaient les routes empruntées par les pèlerins, ensuite pour défendre par les armes les lieux saints et, enfin, pour servir d’appui aux différentes actions entamées dans le cadre des Croisades.

L’Ordre connu au long des siècles, et selon le sort des armes, différentes implantations. D’abord Jérusalem, ensuite Margat, Saint Jean d’Acre, Chypre, Rhodes et enfin Malte.

Telle est, à grands traits, l’origine de l’Ordre de Hospitaliers, appelé encore Ordre de Saint Jean de Jérusalem, de Rhodes et, finalement, de Malte à partir de 1530, date à laquelle les chevaliers s’installèrent sur cette île à la suite d’un don fait par l’empereur Charles Quint consécutif à la prise de Rhodes par les Turcs.

Le moment précis de l’arrivée des Hospitaliers au Portugal reste difficile à fixer du fait que la majeure partie des archives de l’Ordre, entreposées au couvent de Flor da Rosa (voir l’article sur ce village dans le blog), fut détruite par les Espagnols en 1662. Tout au plus peut-on avancer l’année 1128 comme date probable de la donation faite par D. Teresa du monastère de Leça, qui devint ainsi le premier siège capitulaire de l’Ordre dans le pays.

Leur passé de combattants en Terre sainte et leur grande valeur militaire permirent aux Hospitaliers d’être aux côtés de D. Alfonso Henriques lors de la prise da Santarem et de Lisbonne (1147), ce dont ils furent remerciés par différentes donations, notamment la terre de Guidintesta sur laquelle fut édifié le château de Belver (voir l’article du blog sur cet endroit). Ce dernier devint même l’une des places principales de l’Ordre. C’est dans ce lieu qu’étaient conservé une partie de trésor royal.

Les donations continuèrent sous le règne de D. Sancho II qui, en 1232, leur octroya de grands domaines sur la rive gauche du Tage, Les chevaliers y créèrent la ville de Crato où ils construisirent un couvent qui deviendra le siège de leur ordre au Portugal.

 

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Au cours de la première dynastie, les Hospitaliers furent aux côtés des rois lors de la Reconquête et du peuplement du territoire. Ils en furent récompensés par des terres et des privilèges, sans toutefois que ces donations n’atteignent celles concédées aux Templiers, leurs grands rivaux.

Le prieuré du Portugal faisait partie de la Langue (1) d’Espagne jusqu’au XV, quand fut créé le prieuré du Portugal et de Castille. Les « frères portugais » étaient ainsi inclus dans une unité administrative présidée par un prieur qui en était le responsable. Le prieuré était subdivisé en baillages, eux-mêmes scindés en commanderies.

Au Portugal, l’Ordre de Malte se distingue des autres confréries militaro-religieuses du royaume (celle de Saint-Jacques, d’Avis et du Christ) sur au moins deux aspects. Le premier tient à son autonomie institutionnelle ; en effet, les Hospitaliers sont un ordre souverain qui ne dépend que du souverain pontife car si le pape Jules III avait, en 1551, rattaché les ordres militaires à la Couronne, il en avait expressément exclu celui de Malte. Le second touche au fait qu’il était considéré comme le seul ordre effectivement religieux et militaire dont les membres respectaient les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, ce qui était loin d’être le cas des ordre liés à la Couronne.

Le Portugal donna quatre grand-maîtres à l’Ordre :

·       Alphonse du Portugal (mort vers 1206), 12e grand-maître. Fils illégitime du roi Alphonse 1er, il régna trois ans avant de se démettre de sa charge. C’est sous son mandat que furent établis les premiers statuts de l’Ordre ;

·       Luis Mendes de Vasconcellos (vers 1543 – 7 mars 1623), 55e grand-maître ;

·       Antonio Manoel de Vilhena (vers 1663 – 10 décembre 1736), 66e grand-maître ;

·       Manoel Pinto da Fonseca (24 mai 1681 – 23 janvier 1773), 68e grand-maître.

Ces deux dernières personnalités marquèrent de leur empreinte l’île de Malte, sa capitale et la vision qu’ils avaient ou qu’ils voulurent donner de l’Ordre.

Le premier remodela La Valette. Le second fut le premier des grand-maître à porter la couronne fermée, à l’instar des monarques européens, et à se faire peindre en majesté. Il souhaita donner à sa capitale l’aspect d’une capitale d’état. C’est lui qui, entre autre, fit rebâtir l’auberge Castille pour la transformer en un magnifique palais baroque.

 

(1) terme utilisé pour désigner le regroupement des Hospitaliers par entités correspondantes à des zones linguistiques homogènes.

 

Sources :

« A ordem do Hospital », Gisela Pinto et Maria Graça Vicente “Dictionario historico das ordens e instituiçoes afins em Portaugal

O grao prioro do Crato”, archives du district de Portalegre



30/10/2013
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