Le Charsalle

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L’Usine de liège Robinson

L'usine de liège Robinson

 

En préambule, quelques mots sur Portalegre et son économie…

La municipalité de Portalegre appartient au district de Portalegre (Haut Alentejo). Elle compte 24 540 habitants en 2007.*

 

Elle est constituée de 10 « freguesias »  -paroisses civiles-,  2 urbaines (Sé et S Lourenço) et de 8 rurales (Alagoa, Alegrete, Carreiras, Fortios Reguengo, Ribeira de Nisa, S Juliao et Urra).

 

55%  du territoire protégé du Parc de S Mamède est compris dans la municipalité de Portalègre.

 

Le centre urbain, avec près de 16 000 habitants s'est développé depuis le XVI ème siècle. Jean III a élevé Portalegre au rang de ville le 23 mai 1550 et l'on fête cet événement tous les 23 mai.  Célèbre grâce à ses tapis au XVIème siècle, elle trouve sa prospérité à la fin du XVIIème siècle  grâce à la culture de la soie.

 

 Aujourd'hui,

- les entreprises du secteur primaire représentent 11, 2 % 

 

Les pourcentages suivants sont dans la norme des villes européennes :

 

- les entreprises du secteur secondaire 19, 3 % - la plus importante est une usine de matières plastiques  qui emploie 200 personnes , l'usine de liège  Rob Cork, qui a succédé à l'usine Robinson 100 personnes ,

 

- le secteur tertiaire représente 69, 3 %, le commerce en gros et au détail est le plus représentatif 35% suivi par l'hôtellerie et la restauration (11%).

 

 

 *Portalegre n'est donc pas dans le « top 30 » des principales villes du Portugal et sa population a un peu décru depuis 2004 où l'on comptait 25814 habitants.

 


L'usine de liège Robinson

« Ne manquez pas de visiter la fabrique de liège à Portalègre qui est très intéressante » (les Guides Nagel, 1957)

 

«.... I have been elected Presidente of Club « Os amigos de Robinson » this has entailed meetings and a good deal of traveling around. Luckily we have obtained what used to be the factory offices in my Grandfather's time as our headquarters..." (extrait d'une lettre de Letitia Frazer, Noël 2006)

 



 

Un bref historique  (1)

 

Les premières références enregistrées sur une unité de transformation du liège à Portalègre remontent à 1835. A cette époque, une famille anglaise du nom de Reynolds exploitait une petite fabrique de liège. Au même moment, un anglais Georges Robinson  est venu se documenter sur cette matière première qui depuis longtemps était transformée à Halifax en Angleterre.

 

G. Robinson  s'est alors pris d'affection pour le modus vivendi portugais et s'est fixé avec sa famille à Portalègre. Il a installé le premier noyau de production de bouchons derrière une maison qu'il avait acquise sur le site de Boavista.

 

Vers  1840, il acquiert auprès de son compatriote Reynolds  le droit d'exploiter l'unité installée sur les ruines du couvent St François. Rapidement  l'entreprise progresse, G.Robinson acquiert de vastes terrains et conclut des contrats d'une durée de 50 ans pour la coupe  du liège en diversifiant les productions.  Il introduit les nouveaux concepts de  l'industrialisation. Il installe des technologies jusque là inconnues du monde du liège. Il transforme sa petite unité en un important centre d'ouvriers du liège.

Mais c'est son fils George Wheelhouse Robinson (2),  la figure marquante de l'histoire du liège de Portalègre, intelligent et dynamique il allie une formation technique et humaine peu commune pour l'époque.

G. W Robinson introduit de nouvelles technologies : machine à vapeur, générateur électrique, nouvelles méthodes de découpe et de perçage des bouchons ; il rationalise et améliore la production. Il étend ses activités jusqu'à l'Extramadure espagnole en achetant diverses usines à St Vicente de Alcantara.

Il se préoccupe fortement de la sécurité de ses ouvriers. En 1900, l'usine Robinson compte plus de 2000 travailleurs. G W Robinson crée le premier syndicat dans le secteur du liège, une crèche pour les enfants des ouvriers et une coopérative d'approvisionnement.

Il soutient les associations anonymes pour les plus nécessiteux , il est à l'origine de l'association des Pompiers de Portalègre, fondée en 1899.

En 1903, il a fondé sa propre corporation de Pompiers Privés qui est toujours en activité.

 

Entre 1910 et 1915 il crée la première production de liège aggloméré. Il importe d'Angleterre la technologie de réduction  et de compactage du liège. Il a progressé dans la formule des revêtements colorés par l'utilisation des anilines, bien qu'il les ait promus, il les a toujours détestés. Selon sa conception, le traitement du liège devait rester fidèle à son origine, 100% naturelle.

 

G. W Robinson meurt en janvier  1932. Dans une jolie carte qu'il a adressée à sa famille en 1931, il exprime son absence de peur de la mort qu'il pressentait parce que par dessus-tout, « il avait conduit sa vie de manière à laisser le monde meilleur que celui qu'il avait trouvé ».

 

S'en suivirent des années difficiles pour l'usine Robinson. Les perturbation apportées par les mauvais vents de la deuxième guerre mondiale et la posture pseudo-neutre de Salazar contribuèrent à renforcer les difficultés.

L'usine a été fermée pendant une période de presque  3 ans. En 1942, les héritiers de la famille Robinson (3) vendirent l'usine centenaire.

Un groupe portugais vient aux  commandes de la destinée de l'usine. Ils gardèrent le nom de l'usine en signe de respect.

Pendant une période de 10 ans, l'usine retrouve sa vitalité. Au début des années 40,  commence la production d'aggloméré « pur expansé », l'aggloméré noir. Les préoccupations de qualité deviennent la règle de base pour la production des revêtements. Les années 60 correspondent à une période dorée pour l'usine qui se prolonge jusque dans les années 70.

La révolution d'avril et les profonds changements sociaux qui l'accompagnent dans l'Alentejo laissent des traces sur l'antique activité du liège.

Des signes de vieillissement deviennent chaque fois plus évidents : dans les machines, les bâtiments et la volonté des hommes.

Les années 80 réclament des changements structurels qui ne se réalisent pas avec la profondeur souhaitée.

Les années 90 diagnostiquent avec objectivité la situation. Malgré la faiblesse constatée, il existe un espace commercial pour les produits en liège qui autorise la poursuite des activités de l'usine. Celle-ci vient justement  de reprendre  son activité en 2010 après avoir été rachetée grâce à des capitaux fournis à 80% par des producteurs de l'Alentejo (Alcacer do Sal, Santiago do Cacem et Grandola), par 10%  de capitaux japonais et par 10%  de capitaux américains.

Elle est située aujourd'hui dans la zone industrielle de Portalègre, et ses responsables espèrent bien consolider sa situation encore fragile.

 

Dans l'emblématique usine  Robinson, du Largo do Jardim Operario, devrait naître un  nouvel espace. L'Hôtel de Ville et la Fondation Robinson (4) veulent aujourd'hui y  reloger  les associations culturelles de Portalègre.

Dans le vaste  projet mené par le cabinet  d'architectes Souto Moura e Graça Correia, mais qui n'a pas encore vu le jour en 2011, on pourrait trouver un petit musée « archéologico-industriel » où se trouveront évoqués les 160 ans d'histoire du liège.

Les Bâtiments

Origine de l'édifice

De l'époque primitive de la construction du couvent de Saint François datée de 1275, restent deux chapelles latérales gothiques. En 1571  l'église a subi de nouveaux travaux  dont les résultats sont difficiles à identifier. Reste à l'intérieur le tombeau bien conservé de Gaspar Fragoso. Les importants travaux réalisés au XVIII ont en grande partie effacé les belles fresques des chapelles…A cette époque furent introduits les marbres du maître-autel venus de Vila Viçosa et les azulejos.

Le couvent fut fermé en 1835

Dans la période 1835 – 2001, le Couvent a subi de nombreuses transformations pour adapter les lieux à l'activité industrielle.

Dans les particularités à noter, on peut relever les cheminées et le bâtiment des « bouchons ».

 

 

 Les cheminées



C'est l'œuvre emblématique du siècle Robinson.

La base d'une première cheminée date de l'époque Reynolds.

Avant 1900 fut élevée la cheminée de Bola destinée à l'échappement des gaz  issus des nouveaux équipements à vapeur importés d'Angleterre par G Robinson.

La seconde cheminée de 50 mètres de hauteur  date des années 30 au début de la fabrication de l'aggloméré noir qui nécessitait de nouveaux générateurs  à vapeur ; à cette époque, on a relevé la hauteur de la cheminée de Bola et on a fixé verticalement  sur les deux cheminées  les lettres  R O B I N S O N.

 

Le bâtiment des Bouchons

Construit par G W Robinson,  le bâtiment comporte 3 étages. Il possède un ensemble remarquable de fenêtres de bois avec des vitres d'origine qui donne à l'intérieur une luminosité exceptionnelle tout au long de la journée.

Au rez-de-chaussée  où on découpait les planches de liège pour les perforer à la dimension des bouchons,  se déploie  un ensemble harmonieux d'arcs et de colonnes.

A l'étage intermédiaire, on procédait au tri des bouchons.

A l'étage supérieur  au séchage des bouchons.

Les divisions  entre les étages sont en bois d'origine  et s'appuient sur trois rangées  de poutres verticales en fer.  Ce sont de larges espaces ouverts à peine  ponctués par les poutres.

 

(1) fait en 2009 d'après l'article de Manuela Mendes , 2003 cf. également http://www.jornalfontenova.com Édition du 22 janvier 2008 n° 1522

 

(2) Son portrait se trouve au musée municipal de la ville ; il reçut en 1908, le Mérite Industriel des mains du Roi Carlos Ier, avec qui il s'était lié d'amitié et chassait dans sa Herdade de Casillas, proche de Membrio, en Espagne.

L'estime que la population lui portait est illustrée notamment par l'anecdote suivante, rapportée par Letitia Frazer. Lors d'agitations populaires dans les années 20, il a refusé qu'on tire sur les manifestants et il s'est avancé, sans armes, à leur rencontre pour engager les discussions. Les manifestants n'ont pas tiré et le dialogue s'est noué.

 

(3) la fondation Robinson créée en 2005  est  composée de 4 unités : la mairie, l'institut polytechnique, la région du tourisme de São Mamède et la societade corticeira de Portalègre. Elle  emploie 18 personnes.

(voir le site http://www.esep.pt/jornal/modules.php?name=News&file=article&sid=669


 

 



15/04/2010
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