Le Charsalle

Le Charsalle

Quelques mots sur le vin au Portugal et dans l’Alentejo

Quelques mots sur le vin au Portugal et dans l’Alentejo

 

En préambule, un tout petit peu d’histoire

 

Le vignoble portugais, aussi ancien que le vignoble espagnol, fut introduit au cours de l’Antiquité par les marchands phéniciens, carthaginois, grecs et romains mais c’est le conflit anglo−français du 17ème siècle qui lui donna son essor. En effet, le blocus des ports français rendit impossible l'exportation des vins hors de France, d'où l'engouement des anglais qui commerçaient déjà depuis le Moyen -Age avec le Portugal, pour les vins de ce pays ; les taxes douanières  furent allégées. De plus, il était alors nettement plus patriotique d'afficher une bouteille portugaise sur une table anglaise qu'une bouteille française ! C'est aussi à cette époque qu’un négociant  anglais découvrit comment faire mieux voyager ce vin en additionnant de l’eau de vie pure au moment de la fermentation. Le goût particulier de ce vin rencontra un certain succès en Angleterre : le Porto venait de naître.

(Source technoresto.org)

 

 

 

Photo : Philippa de Lancastre, mère d’Henri le Navigateur, fille de Jean de Gand, et de Blanche de Lancastre épousa à Porto le 11 février 1387 Jean Iᵉʳ de Portugal. Cette alliance anglo-portugaise vint cimenter le traité de Windsor, signé en 1386, le plus ancien traité diplomatique en vigueur au monde….et notons quand même en passant que c’est le roi Denis Ier (1261- 1325), issu de la maison de Bourgogne, appelé le roi paysan, qui encouragea de façon décisive l'agriculture et la viticulture au Portugal.

 

Les hectares, la production, la consommation,

Au Portugal, la superficie totale des régions viticoles est de 240 000 hectares avec une diminution de 16,7 % entre 1995 et 2010, une production de 6.188 152 hectolitres ( année 2013) et une petite production (1%) à Madère 43 860 hl et aux Açores 6427 hl (1)

Dixième producteur mondial et cinquième de l’Union Européenne, le Portugal est également un marché de consommation important. Cette consommation est en baisse tendancielle, comme dans la plupart des pays historiquement producteurs : de 57,3 litres/personne/an en 1995, la consommation est passée à 42 litres en 2009. Rapportée à leur population, les Portugais affichent la deuxième consommation de vin au monde, après les Français. Le Portugal est ainsi le onzième marché de consommation de vin au monde en 2009, avec une consommation de 4,65 millions d’hectolitres.

 

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Le vignoble, les coopératives et les caves,  les exportations

Le Portugal est d'abord connu pour son porto.(région du Douro) mais ce pays produit aussi et principalement des vins rouges vinho tinto - vins réputés du Dâo (région des Beiras), du Douro, de l’Alentejo - et de bons vins blancs vinho branco, notamment les vins de Bairrada et de Bucelas , ainsi qu'un vin vert : le "vinho verde" (région du Minho), vin jeune, simple, peu alcoolisé et « moustillant », idéal pour l’apéritif !

Le vignoble est morcelé avec près de  177 000 petites exploitations viticoles - les Quintas - et une superficie moyenne des exploitations d’un peu plus d’1 hectare, mais la tendance est à l’augmentation des surfaces accompagnée de la diminution du nombre des exploitations (source www.vitisphere.com).

A noter que dans l’Alentejo- 21 970 hectares-, les grandes propriétés que l’on retrouve aussi dans le Trás -Os -Montes (Haut Douro)  représentent presque la moitié de la surface cultivée.

La production se partage de manière relativement équilibrée entre coopératives et vignerons indépendants : Les coopératives représentent environ 41% de la production des vins de grande qualité DOC (appellation d’origine contrôlée), 63% des vins régionaux (Il s’agit de vins de qualité correspondant à nos « vins de pays »  ne respectant pas, toutefois, au moins l’une des règles inhérentes aux appellations DOC  -) et 64% des vins de table. Le secteur privé, constitué de plus de 600 caves et 1200 vignerons indépendants, assure la production de 59% des DOC, 37% des vins régionaux et 36% des vins de table .(2)

Les exportations de vin de porto représentent 1,4 % du total des exportations du pays et 60 % des exportations de vin du Portugal. Ces dernières rapportent chaque année 500 millions  d'euros au pays. La France était jusqu’en 2012, le premier importateur des vins portugais, toutes catégories confondues. Ce n’est plus vrai aujourd’hui: l’Angola la devance. Cette ancienne colonie portugaise connaît un fort développement économique.

L’un des atouts des vins portugais est leur forte présence à l'international: ils s'exportent dans près de 100 pays dans le monde. Le talent de négociant des Portugais explique en partie cette capacité de pénétration des marchés, mais pas seulement. Un bon rapport qualité–prix favorise aussi la compétitivité.   

 

L’Alentejo n’est pas la région « do mau pâo  e do  mau vinho » comme l’affirmait, paraît-il, un dicton !

Depuis 1986, date de l'adhésion du Portugal à la Communauté européenne, les viticulteurs ont fourni de nombreux efforts afin d'améliorer la qualité de leurs vins. A la différence  des autres régions, l’Alentejo, suite à une politique d’aide à la  restructuration, a vu également sa production viticole presque  doubler en 10 ans (646 422 hectolitres en 2001  et  1 124 735 hectolitres en 2013).

 

Le petit journal.com (Lisbonne) , le media des français et francophones à l’étranger, remarque que « l’Alentejo n´est pas une région de vin blanc sauf dans le secteur de Vidigueira mais surtout une région de vins rouges ronds et corsés qui font penser aux vins du Languedoc ou du sud des Côtes du Rhône et dont la réputation devient internationale».

(photo région Alentejo )


Pourquoi choisir de mettre en avant les vins rouges du nord Alentejo ?
Tout simplement car dans cette région la plaine alentejane se relève vers les contreforts de l´Espagne, donc plus de fraîcheur la nuit et les sols plus métamorphiques et granitiques sont comme des terrasses face au soleil le jour ; ils produisent de ce fait les meilleurs vins rouges de l´Alentejo (dixit les spécialistes et amateurs).
Certes il ne faut pas oublier qu´il existe d´autres très bons vins rouges autour de Beja, mais dans le nord de l´Alentejo la densité des vins rouges de qualité est plus forte sur une superficie plus réduite avec des noms et des marques reconnues…

 

En production  l’Alentejo se situe en 2ème position après la région du Douro (3)
En 2012, 78, 2% de la production de la région est du vin rouge, 20,4 % est du vin blanc avec quelques parcelles dédiées au vin rosé (1, 4%). Un peu plus de la moitié de la superficie plantée produit les vins classés DOC et les secteurs de Borba et de Reguengos de Monsaraz couvrent plus de la moitié de ce vignoble.

L’Alentejo est leader sur le marché national des vins DOC et des vins de pays.

 

Il y a beaucoup de cépages différents. Certains sont typiques du Portugal, d'autres plus internationaux (syrah, cabernet franc). Le cépage principal pour les vins rouge est le Tinta Roriz, et qu'on appelle plus particulièrement dans la région de l’Alentejo l'Aragonès.

En 2013, pour le délégué et commissaire général du Challenge international du vin (CIV), grand concours international, les vignerons de l'Alentejo "ont été obligés de se mettre au niveau du standard de qualité international. Ils savent très bien depuis 10 ans qu'ils sont présents sur ce concours, que s'ils veulent obtenir des prix, ils doivent être au niveau d'autres vins reconnus internationalement".d'après un  membre du comité de dégustation de La Revue du vin de France et membre du jury Alentejo du CIV 2013."La diffusion est encore limitée. On a du mal à trouver ces vins en France et d'une manière générale à l'export, l'Alentejo reste une région de consommation locale….Nous espérons d'ici quelques années que l'on trouvera des importateurs qui nous permettront de trouver les meilleurs bouteilles de l'Alentejo en France…" Nous produisons du vin depuis des millénaires, et nous continuons d'utiliser des techniques issues d'une longue tradition comme la production de vins dans des amphores…" raconte Dora Simoes, la représentante de la commission des vins d'Alentejo au Portugal.

 

Le Charsalle a goûté avec plaisir  les vins régionaux  et les vins de table Il a aussi apprécié le Monsaraz (DOC) et remarqué le Cartuxa de la renommée Fondation Eugenio de Almeida. (4)

 

 

                                     

(1) Au total, environ 500.000 hectares de vignes ont été arrachés les quinze dernières années, principalement en Espagne (44 %), Italie (25 %) en France (21 %) - qui est le 2ème vignoble européen après l’Espagne s’étendant sur  857 000 hectares et avec 46,2 millions d’hectolitres en 2013 elle est le premier producteur mondial avant l’Italie.

Environ 3% du vignoble français  ont été arrachés de -2008 à 2011 dans un programme européen avec versement de primes qui a concerné l'ensemble du vignoble afin de favoriser le redressement du secteur  Pour le  Languedoc Roussillon 6% ont été arrachés (et 40% sur les 35 dernières années !).

 

(2) Les vins portugais DOC (denominação de origem controlada) , correspondant aux AOC françaises et depuis 2009 nouvelle appellation européenne AOP (apelação de origem controlada) ex.Appellation Bordeaux contrôlée, doivent répondre à des normes réglementaires très strictes relatives aux cépages autorisés, aux caractéristiques des sols, à l’orientation des vignes, aux pratiques de vinification, à l’élevage des vins, aux taux d’alcool et bien sûr aux caractéristiques gustatives, aromatiques, olfactives…

Les vins de pays sont appelés désormais IGP (Indicação Geográfica Protegida) suivi du nom géographique ex.  IGP vin de pays charentais, vin de pays de la Loire, IGP Terras do Dâo, IGP Alentejo et les vins de table - vinho de mesa - VSIG (vin sans indication géographique) se dénomment «Vin de France », «Vin d’Espagne », «Vin du Portugal» etc.

 

(3) Chiffres 2013 du ministère de l’Agriculture du Portugal :

Pourcentage de la production totale 6.188 152 hectolitres (hl) par région viticole  (en vol./ hect) :

 

Minho          13%                                                        796 544 hl

T. Montes         2%*

Douro          25%                                                      1 516 941  hl

Beiras        14%                                                        843 139  hl

                            B. Atlantico       4%

                            Terras do Däo   5%

                            Terras da Beira  4%

                            T. de Cister       1%

Tejo                8%

Lisboa       14%                                                            890 426 hl

P. Setubal        7%    

Alentejo        18%                                                                   1 124 735 hl

Algarve            0,2%

       

(4) La Fondation, a été créée par dispositions testamentaires en 1963 par l’homme d’affaires E. de Almeida, dont la famille avait acquis au XIXème siècle le domaine du Couvent e Cartuxa près d’Evora ayant  appartenu aux Jésuites et devenu bien public, avec 400 hectares de vignes et près de 5 500 ha d’arbres fruitiers (notamment d’oliviers) C’est une institution privée reconnue d’utilité publique. Les bénéfices sont destinés au financement de la vie culturelle, sociale et éducative de la région d’Evora. L’esprit jésuite est bien conservé, pour preuve : 2 Révérends Pères  continuent de siéger au conseil d’administration bien que le marquis de Pombal ait chassé les Jésuites au XVIIIème siècle !

 



31/03/2015
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