Une histoire méconnue : le thé au Portugal
Le Portugal est le premier pays européen à avoir importé du thé en Europe.
Les Portugais ont découvert la route maritime des Indes en 1497. Ils ont été les premiers à découvrir la Chine et le Japon. C’est à Macao qu’ils construisent en 1553 une de leurs premières colonies.
En 1513, Un père jésuite Jorge Alvares est le premier Portugais à fouler la terre de Chine. Il donne un témoignage sur le thé et en rapporte au Portugal.
Aux environ de 1520, les échanges entre les marchands portugais et chinois se passaient plutôt bien ce qui a permis le développement du commerce entre le Portugal et la Chine.
C’est en 1554 que le Portugal a conclu un accord commercial avec la Chine.
Ainsi les Portugais sont très certainement les premiers européens à « découvrir le thé » vers le milieu du XVI° siècle.
A cette époque, les Portugais ont été en contact permanent avec les grands centre de production, consommation et de diffusion du thé en Chine et au Japon.
Mais ce sont les pères missionnaires à l’oeuvre dans ces deux pays, qui découvrant les qualités de cette boisson exotique, ont été les vecteurs importants de l’introduction du thé au Portugal et en Europe.
Effectivement, les premiers documents publiés en Europe mentionnant la consommation de thé sont écrits par pères dominicains et jésuites qui étaient en mission en Chine et au Japon. C’est le frère portugais Gaspar da Cruz qui a écrit le premier document publié en 1556.
Cependant les marchands portugais ont continué à ignorer cette boisson singulière, se concentrant dans le commerce de produits plus rentables.
Malgré cela on estime que les Portugais ont commencé à importer du thé ainsi que des porcelaines chinoises (notamment celles liées au thé) au Portugal par le port de Lisbonne aux environs de 1580.
Mais la première cargaison documentée d’importation de thé en Europe est due aux Hollandais qui, à partir de 1610, ont commencé à importer du thé en grande quantité sur le continent européen.
Jusqu’aux environs de 1660 le thé a gardé un statut de boisson rare, exotique, avec des qualités médicinales, puis progressivement la boisson a été adoptée dans les hautes sphères de la société portugaise notamment dans la famille royale.
On raconte que c’est l’infante Catherine de Bragance (1628 – 1707) qui serait responsable de l’introduction de la coutume anglaise de boire une tasse de thé au milieu de l’après midi.
En effet, Charles II d’Angleterre a épousé Catherine de Bragance, fille du roi Jean IV.
Dans sa dot elle apportait de nombreux produits de luxe dont un coffre plein de thé (boisson de prédilection à la cour portugaise), le port de Bombay ainsi que le droit d'accès des Britanniques aux ports et comptoirs coloniaux portugais. C’est alors que l'Angleterre a pu développer son accès commercial au thé et que la Compagnie britannique des Indes orientales a pu prospérer.
Catherine de Bragance (in altesses.eu)
Lorsque Catherine de Bragance a débarqué à Portsmouth le 13 mai 1662 après une traversée sur une mer agitée, elle a demandé que lui soit immédiatement servi une tasse de thé. Mais cette boisson étant très rare en Angleterre, la demande de la future reine ne put être satisfaite !
Charles II épousa Catherine de Bragance le 21 mai 1662 et bien qu’elle se soit rapidement habituée aux coutumes et aux modes anglaises elle a continué à boire du thé. C’est ainsi que, rapidement, boire du thé est devenu une mode à la cour d’Angleterre et en conséquence dans les hautes sphères de la société, puis dans des classes sociales plus basses.
C’est donc cette nouvelle reine d’Angleterre qui est responsable de l’accroissement de la consommation de thé en Europe.
On raconte que sur le coffre contenant le thé, était écrit en abréviation portugaise T.E.A qui signifie « Transporte de Ervas Aromáticas » (Transports d’Herbes Aromatiques) abréviation qui donna le mot anglais "tea". En portugais le mot « chá » est utilisé pour le thé, les tisanes, les infusions, toute boisson à base d’herbes aromatiques..
Au XVIIe siècle, après son introduction en Europe, le thé devient très populaire en France, notamment au sein de l’aristocratie. La marquise de la Sablière a ajouté du lait à sa consommation de thé, et les Anglais ont aimé et adopté cette pratique.
Au Portugal, cette fièvre de la consommation de thé ne se vérifie pas. Le thé a continué d’être associé au concept de « salon de thé » réservé à l’aristocratie.
Lors de l’établissement de la cour royal portugaise au Brésil, le roi Jean VI vers 1814-1816 a demandé que du thé soit planté dans le jardin botinique de Rio de Janeiro.
Des plantations ont aussi été expérimentées aux Açores, à Madère et au Portugal continental.
Aujourd’hui, seule la production aux Açores de thé noir et de thé vert est l’unique héritière de l’histoire du thé en territoire portugais. Mais la production reste faible, environ 300 tonnes par an.
La production de thé a pratiquement disparue au Portugal continental, seuls subsistent quelques plans dans la serra de Sintra et un jardin de production de thé (Chá Camelia à Vila do Conde) dans le Minho.
D’après Rui Manuel Esteves da Silva « o chá em Portugal : história e hábitos de consumo »
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